 Selon l’association 40 millions d’automobilistes, 2,2 milliards d’euros de recettes issues des amendes tomberont directement dans les caisses de l’Etat
La polémique sur la privatisation des radars embarqués refait surface. L’association 40 millions d’automobilistes a dénoncé ce lundi une "excellente opération financière" pour l’État qui engrangera selon elle 2,2 milliards d’euros par an de recettes issues des amendes.
Le gouvernement avait annoncé le 2 octobre 2015 "l’externalisation" du pilotage des voitures transportant les radars mobiles nouvelle génération, à des "prestataires agréés" par l’État, afin de multiplier le nombre de contrôles. Les appels d’offres pour choisir les sociétés prestataires, seront d’ailleurs lancés dans les semaines qui viennent, affirme Le Parisien. Le dispositif devrait en effet rentrer en vigueur en septembre.
"Dans les caisses de l’État"
"La privatisation des radars embarqués n’a d’autre but que de générer, grâce aux amendes issues des contraventions, d’importantes sommes d’argent qui finiront dans les caisses de l’État (…) En revanche, il n’existe aucune preuve que cette mesure ait un quelconque effet positif sur la sécurité routière", affirme le président de 40 millions d’automobilistes, Daniel Quero. L’association estime qu’à plein régime, ce dispositif permettra à l’État d’engranger 2,2 milliards d’euros par an.
Pour réaliser ce calcul, elle est partie du principe qu’une voiture-radar peut flasher trente automobilistes par heure. Le ministre de l’Intérieur souhaitant que ces véhicules circulent huit heures par jour, ce sont plus de 38,5 millions de procès-verbaux qui seront dressés à l’encontre d’usagers de la route, dénonce Daniel Quéro dans Le Parisien.
"38,5 millions de procès-verbaux dressés à l’encontre des usagers"
Après avoir réuni près de 300 000 signatures dans une pétition contre cette "mesure scandaleuse", l’association appelle donc les automobilistes à lui faire parvenir leurs photos, qui seront ensuite diffusées pour une "manifestation numérique".
"Du matériel sous utilisé"
De son côté, la sécurité routière dément ces accusations.
"Les radars, tous confondus, ont rapporté 920 millions d’euros l’an dernier, alors que l’Etat prévoit, dans le projet de loi de finances 2017, 3,3 milliards de dépenses pour la sécurité routière. Si le but était de gagner de l’argent, nous serions très très loin du compte", déclare Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière dans les colonnes du Parisien.
L’objectif pour la sécurité routière est plutôt de rentabiliser ces véhicules, qui ne roulaient jusqu’à présent qu’un peu plus d’une heure par jour. "La moyenne d’utilisation d’un de ces radars est d’un peu plus une heure par jour (1h13, ndlr), c’est du matériel qui est sous-utilisé. Il faut beaucoup plus l’utiliser pour faire en sorte que les comportements de dépassement de vitesse soient sanctionnés", expliquait le ministre de l’intérieur Bruno Le Roux.
Cette mesure s’inscrit dans une stratégie pour tenter d’enrayer la hausse de la mortalité routière enregistrée depuis 2014. En 2016, 3469 personnes sont mortes sur les routes, pour la troisième année consécutive, une première depuis 1972.
|