 Les professionnels des auto-écoles protestent ce lundi dans plusieurs grandes villes françaises contre un projet de réforme du permis de conduire. Ils craignent "l’uberisation" de leur profession.
La réforme du permis de conduire irrite les professionnels des auto-écoles. Enseignants de la conduite et syndicats manifestent ce lundi à Bordeaux, Marseille, Nice ou Paris, contre les mesures contenues dans un rapport parlementaire.
"Un rapport sera remis demain au Premier ministre, dont nous avons les premières mesures. Nous sommes d’accord avec 80% du rapport. Il y a juste deux mesures que nous ne comprenons pas, elles sont là pour tuer les auto-écoles de proximité. On veut faire croire que le permis sur internet, c’est moins cher. C’est des cracks", confie ce matin à nos collègues de BFM Paris Patrick Mirouse, vice-président du syndicat UNIDEC (Union Nationale Intersyndicale des Enseignants de la Conduite.
L’une des mesures du rapport qui fait bondir les professionnels, c’est l’idée d’un agrément national. Il suffirait d’avoir un local dans un département, pour pouvoir dispenser des cours dans toute la France. Ce qui favoriserait de facto les plateformes de permis en ligne, selon les syndicats d’auto-école.
L’autre mesure qui inquiète les représentants d’auto-écoles, c’est la possibilité pour les candidats de s’inscrire directement à l’examen du permis de conduire. Aujourd’hui, le candidat est inscrit par son auto-école quand ses moniteurs estiment qu’il est prêt. S'il s'inscrit directement, il devra toujours réaliser les 20 heures de conduite obligatoires (pour le permis B).
"Cela pose un problème de suivi, on ne doit pas jouer avec la sécurité routière, souligne Frédéric Martinez, président du réseau ECF. La formation du permis de conduire doit apprendre à se comporter sur la route, on n’est pas dans l’achat d’un produit qu’on consomme".
Les professionnels sont en revanche plutôt favorables à l’examen du code de la route intégré dans le Service National Universel (SNU). Ils font également plusieurs propositions pour réduire le coût du permis. Ainsi, "mettre des cours de code collectifs avec des simulateurs", ou "faire des auto-écoles des tiers de confiance qui pourront monter les dossiers de financement du permis", telles sont les solutions proposées par le Conseil National des Professionnels de l’Automobile (CNPA).
"Des budgets alloués pour financer le permis de conduire ne sont ainsi pas utilisés car les candidats n’en font pas la demande", se désole Patrice Bessone, vice-président du CNPA en charge des auto-écoles.
- Utiliser le budget des radars pour financer le permis?
"En moyenne, le permis coûte 1500 euros. Or, il y a un million de permis passés dans l’année. Ça fait 1,5 milliard d'euros et c’est le budget des radars, explique le président de CNPA. Le permis de conduire pourrait être gratuit pour tous les jeunes".
Aucune mesure concrète n’a encore été prise par le gouvernement. Le rapport parlementaire des députés LaREM Françoise Dumas et Stanislas Guérini a été remis le 2 février à Matignon. Il est depuis en arbitrage. Le Premier ministre Edouard Philippe devrait rendre ce rapport public cette semaine.
|