Association de défense des droits des automobilistes et des usagers de la route

LE CONTROLE TECHNIQUE DEVIENT IL DERAISONNABLE EN FRANCE ?

 LE CONTROLE TECHNIQUE DEVIENT IL DERAISONNABLE EN FRANCE ?

Obligatoire en France depuis le 1er octobre 1992, le contrôle technique périodique des véhicules légers s'apprête à connaître une réforme majeure dont la mise en application est prévue pour le 20 mai 2018. Une réforme dont le contenu n'est pas de nature à rassurer les propriétaires de véhicules anciens. En effet, alors qu'il y a 25 ans, la première version de cette mesure visant à améliorer la sécurité routière ne prévoyait que 116 points de contrôle, ce nombre va être porté à 131. Quant aux points dits "de défaillances", ils passent de 453 à 606. Avec une double conséquence pour l'usager : d'une part une augmentation de la durée du temps d'examen du véhicule et donc du coût de l'opération, et d'autre part une hausse importante de la probabilité que ce même véhicule soit déclaré non conforme.

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En effet, en cas de défaillance technique "critique" (essieu fêlé ou déformé, serrure bloquée, perte de carburant avec risque d'incendie, frein de secours défectueux, pneu usé ou mal fixé, corrosion importante, etc.) - il en existera 127, à partir du 20 mai -, la voiture sera immédiatement immobilisée et son propriétaire ne disposera que de 24 heures pour engager les réparations. Seules les défaillances dites "majeures" - au nombre de 340, à partir du 20 mai 2018 - resteront soumises à l'actuel délai de deux mois pour leur réparation, suivi d'une contre-visite.

Particulièrement exigeant et coûteux, ce nouveau contrôle divise les Français. Certains y voient une avancée majeure et indispensable pour accroître la sécurité sur la route. D'autres, au contraire, considèrent qu'il constitue une nouvelle contrainte insupportable pour les automobilistes, notamment ceux dont les revenus sont les plus modestes.

Nous avons donc demandé l'avis de Jean-Marc Zammit, directeur de l'Automobile club de Provence, auteur d'une chronique récente sur le sujet, et de Chantal-Marie Laurent, déléguée régionale de la Ligue nationale contre la violence routière, qui se bat depuis des années pour que les véhicules dangereux soient retirés de la circulation.

Il est difficile d'être défavorable à une mesure qui vise à améliorer la sécurité, mais je reste pourtant très partagé. Tout d'abord, le délai de 24 heures pour effectuer les réparations est vraiment très court. Dans certaines situations, il sera très difficile de trouver un professionnel disponible. Mais surtout, cette réforme va aggraver la situation des automobilistes qui disposent de faibles revenus, ceux qui ont des voitures anciennes et qui n'ont pas les moyens de la faire réparer ou de la remplacer. Car l'objectif est clair : on veut mettre au rebut les vieux véhicules. Cela s'inscrit dans la mouvance actuelle : assainir le parc automobile en le débarrassant des voitures les plus anciennes et les plus polluantes. Le risque est de démotoriser tous ceux qui n'auront plus les moyens d'assumer leur véhicule, car les gens ne roulent pas avec de telles voitures par choix ou par conviction, mais par obligation. D'autre part, en cas de manquement aux nouvelles dispositions, la sanction sera minime : une amende de seulement 90€ et une probabilité infime d'être contrôlé. C'est l'autre paradoxe de cette mesure. On a une loi qui durcit le contrôle technique mais pourrait ne pas être appliquée. D'autant que le contrôle technique tel qu'il existait, nous satisfaisait. Il permettait à l'acquéreur d'un véhicule d'occasion d'être correctement informé de l'état de celui-ci. Mais aujourd'hui, c'est l'utilisateur qui est visé. Avec la corrosion comme point de défaillance critique, énormément de voitures risquent d'être rejetées. Or, un véhicule qui a de la corrosion n'est pas forcément dangereux. De plus, le prix du contrôle va augmenter considérablement alors même que, dans notre région, le budget consacré par les particuliers à l'automobile est déjà l'un des plus élevés de France. En fin de compte, que ce soit pour la sécurité ou la pollution, l'automobiliste reste coupable de tous les maux.

Si je peux me permettre un brin d'ironie, ce dispositif ne va pas à l'encontre de la sécurité routière... mais quand on regarde les résultats de l'accidentologie, on ne peut pas dire que ce soit bien brillant et que le contrôle technique ait servi à quelque chose. Bien sûr qu'il faut contrôler l'état des véhicules. Mais ça tombe tellement sous le sens, et même sous le bon sens ! Il est évident qu'un véhicule bien entretenu a moins de chance de mettre son conducteur dans une situation délicate qu'un véhicule qui ne l'est pas. Mais ce ne sont pas les véhicules en mauvais état qui causent le plus d'accidents. On se donne bonne conscience en ciblant cet aspect technique mais les principaux problèmes restent la vitesse, l'alcool et le téléphone au volant. Et là, c'est le silence radio. Par contre, s'il est un contrôle technique qu'il faudrait mettre en place de toute urgence, c'est bien celui des deux-roues, en cas de revente. On a aujourd'hui des motos "améliorées" qui ne vont pas dans le sens de la sécurité. Un contrôle technique obligerait leurs propriétaires à les remettre en conformité. Concernant la vitesse, on en est toujours aux expérimentations sur certaines départementales alors qu'on aurait dû adopter la limitation à 80 km/h pour toutes les routes bidirectionnelles dépourvues d'accotement. Mais la vitesse, on n'y touche pas non plus. C'est sacro-saint. Quant aux alcooliers, ils ont tout fait pour tailler à coups de canif la loi Évin. Et il y a encore d'autres priorités que le contrôle technique. On aurait dû par exemple rendre obligatoire l'éthylotest antidémarrage ainsi que l'enregistreur de conduite à bord de toutes les voitures afin de tempérer les ardeurs de certains automobilistes, permettre aux bons conducteurs de prouver leur bonne foi, mais aussi obtenir de précieux renseignements quant aux circonstances des accidents.

22/11/2017 LA PROVENCE.COM

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